Réalisé en collaboration avec le Dr Guillaume DUTIL
Les traitements antiparasitaires externes (contre les puces, les tiques…) ou internes (contre les vers digestifs…) peuvent déclencher parfois des effets secondaires. Ceci est valable chez tous les animaux (épileptiques ou non) et comme avec tout médicament. Les crises convulsives font parfois partie de ces effets secondaires. Certains antiparasitaires peuvent notamment générer des crises convulsives en cas de mésusage : un traitement à mettre sur la peau qui est ingéré ou bien un traitement pour chien qui est administré à un chat. D’autres traitements antiparasitaires ne sont pas recommandés chez des patients atteints d’une mutation génétique (MDR 1). Sur un animal épileptique, les risques sont-ils supérieurs à un patient non épileptique ?
En l’état actuel des connaissances, il n’existe pas de restriction précise pour l’usage des antiparasitaires internes chez les animaux épileptiques. D’autant plus que les infestations massives peuvent également générer des crises convulsives, sans lien avec l’épilepsie. Ainsi, une forte charge parasitaire, provoquant un phénomène digestif irritatif, peut favoriser des phases d’instabilité de l’épilepsie, d’où l’importance d’une bonne vermifugation. Certaines molécules seront à privilégier telles que les benzimidazoles. Consultez toujours votre vétérinaire avant de vermifuger votre animal.
Le débat se porte davantage sur certains antiparasitaires externes pour lesquels ont été rapportés des effets indésirables de l’ordre de convulsions. Ainsi, certains propriétaires pensent à tort que le traitement antiparasitaire peut être le point de départ de l’épilepsie de leurs animaux. Afin de minimiser les risques, il sera conseillé d’utiliser des antiparasitaires externes qui ont une action de courte durée. Le choix de la molécule se fera au cas par cas en fonction des sensibilités individuelles et sur les conseils du vétérinaire.
Une attention particulière sera portée lors d’utilisation par voie cutanée. En effet, si d’autres animaux vivent dans le foyer, en cas de léchage de la zone traitée, des troubles nerveux graves peuvent survenir. Peu de traitements restent utilisables sans précaution du fait des effets secondaires neurologiques possibles.
Un dernier point important reste celui des interactions entre les traitements anticonvulsivants (phénobarbital, bromure de potassium, imépitoïne…) et les molécules antiparasitaires. En effet, certaines molécules peuvent, par exemple, rendre temporairement le traitement antiépileptique moins efficace et entraîner des crises convulsives par baisse de sa concentration dans le sang.
Par ailleurs, il est conseillé d’attendre que l’épilepsie de l’animal soit contrôlée avant de procéder au traitement antiparasitaire. Attention donc en phase d’échappement ou d’instabilité de l’épilepsie.
En conclusion, lors de l’administration d’un traitement antiparasitaire, les autres animaux du foyer sont à considérer, la dose administrée doit être la bonne et le traitement anticonvulsivant utilisé doit être pris en considération. La balance bénéfices / risques est primordiale mais l’adaptation du type de traitement antiparasitaire au patient permet une prise en charge optimale des parasites en minimisant les risques. Demandez donc toujours conseil à votre vétérinaire car c’est lui qui connaît le mieux votre animal.
En cas d’effet indésirable, une déclaration de pharmacovigilance est à effectuer sur https://pharmacovigilance-anmv.anses.fr/.
Pour aller plus loin…
Dymond N, Swift IM – Permethrin toxicity in cats: a retrospective study of 20 cases – Australian veterinary journal (2008) 86 (6), pp. 219–223.
Gaens D, Rummel C, Schmidt M, et al. – Suspected neurological toxicity after oral application of fluralaner (Bravecto®) in a Kooikerhondje dog – BMC veterinary research (2019) 15 (1), p. 283.
Hahln, Pakozdy – Antiparasitic Treatment in Epileptic Dogs and Cats – Thèse de doctorat vétérinaire – Vienne 2021