Origine génétique de l’épilepsie idiopathique
L’épilepsie chez le chien a une prévalence estimée entre 0,5 et 5,7%, c’est-à-dire qu’elle touche globalement maximum 1 chien sur 17 toutes races confondues.
Cependant, dans certaines races, la prévalence est beaucoup plus élevée : jusqu’à 20%, c’est-à-dire jusqu’à 1 chien sur 5. C’est cela qui a laissé fortement suspecter un déterminisme génétique de l’épilepsie idiopathique chez certaines races de chien.
Les races de chiens concernées par une prévalence plus forte de l’épilepsie idiopathique, et donc un déterminisme génétique de cette épilepsie, sont nombreuses : Beagle, Berger Allemand, Berger Australie, Berger Belge, Berger des Shetlands, Border Collie, Bouvier Bernois, Boxer, Caniche, Cocker, Dalmatien, English Springer Spaniel, Fox Terrier, Golden Retriever, Grand Bouvier Suisse, Husky Sibérien, Irish Wolfhound, Labrador, Lagotto Romagnolo, Malamute, Saint Bernard, Schnauzer Miniature, Setter Irlandais, Spitz loup, Teckel, Vizsla…
Il n’existe pas une seule épilepsie génétique chez le chien : il existe autant d’épilepsies génétiques que de races concernées. Les caractéristiques (expression clinique, âge d’apparition des crises, prédisposition de sexe, réponse au traitement, pronostic) sont en général les mêmes au sein d’une même race, mais elles sont bien différentes d’une race à une autre. Ceci permet donc de penser que le ou les gènes à l’origine de la maladie ainsi que leur mode transmission diffère entre toutes ces races.
Exemple de l’épilepsie juvénile du Lagotto Romagnolo
Prenons l’exemple du Lagotto Romagnolo. Dans cette race, on observe l’existence d’une épilepsie juvénile. Elle est appelée ainsi car elle touche les chiots. L’âge moyen d’apparition des crises est de 6,3 semaines, comme l’a montré une étude finlandaise de 2007. Les crises sont partielles et on observe une résolution spontanée des crises entre 8 et 13 semaines.
Chez le Lagotto Romagnolo, une étude de 2011 a mis en évidence une mutation du gène LGI2 sur le chromosome 3. Ce gène LGI2 s’exprime surtout pendant la période postnatale et code pour une protéine jouant, par le biais de sa fixation à un récepteur, un rôle dans la construction des synapses pendant la période de développement cérébral.
Les chiens présentant l’allèle muté du gène LGI2 fabriquent une protéine qui est incapable de se fixer au récepteur, ce qui est compatible avec l’apparition d’épilepsie juvénile. Celle-ci, bien que pouvant être impressionnante, disparaît en généralement spontanément.
32% des Lagotto Romagnolo seraient porteurs de cette mutation.
A noter : chez le Lagotto Romagnolo, l’épilepsie ne se déclare pas uniquement chez le chiot. Certains chiens de cette race développent une épilepsie uniquement à l’âge adulte. Les études montrent qu’ils ne sont pas porteurs de cette mutation du gène LGI2. Il existe donc certainement, au sein de cette même race, une deuxième forme d’épilepsie avec un autre déterminisme génétique.