Dr Stéphanie PIAZZA, DMV, Dip. ECVN
Si votre chien fait des crises d’épilepsie, il y a trois grands types de causes
1) Épilepsie réactive : c’est-à-dire que votre chien présente une anomalie métabolique (anomalie sanguine) ou une intoxication.
2) Épilepsie structurale : c’est-à-dire que votre chien présente une lésion dans son cerveau qui est la cause des crises d’épilepsie. Il peut s’agir de malformations congénitales (depuis la naissance), d’une inflammation (méningo-encéphalites), d’une tumeur (cancéreuse ou non) etc… A la différence de l’homme, les AVC restent très rares chez les chiens.
3) Épilepsie idiopathique : c’est-à-dire que votre chien est « simplement épileptique », sans autre raison identifiable. Pour être sûr que votre chien souffre bien d’une simple épilepsie idiopathique, il faut avoir écarté les deux autres causes, c’est ce qu’on appelle un diagnostic d’exclusion.
Pourquoi un scanner ou une IRM chez votre chien épileptique ?
Le scanner et l’IRM sont des techniques d’imagerie en coupe, c’est-à-dire qu’elles vont permettre d’obtenir une image reconstituant le cerveau intégralement en 3 dimensions, ce qui permet d’explorer les lésions dans le cerveau (épilepsie structurale) pouvant être la cause des crises.
Le scanner permet de voir certaines anomalies dans le cerveau mais pas toutes, car les os du crâne gênent la précision des images, ce qui n’est pas le cas de la technique par IRM. Le Scanner ne peut donc pas totalement exclure une lésion cérébrale (ex : malformations du tissu cérébral, certaines méningo-encéphalites, certaines tumeurs…).
L’IRM reste la technique de choix pour confirmer ou exclure la présence d’une lésion dans le cerveau de votre chien. Elle utilise la résonnance magnétique (sans danger) qui permet de visualiser avec précision le tissu cérébral, même à l’intérieur de la boîte crânienne.
Ces deux types d’imagerie sont non invasives (pas dangereuses ni douloureuse) mais le scanner, comme la radiographie utilise des rayons X. Elles nécessitent toutes les deux une anesthésie générale de façon à ce que le chien soit parfaitement immobile. L’anesthésie est généralement légère (moins profonde que pour une chirurgie) et dure de 15 à 45 minutes en moyenne. Si le protocole est adapté, elle présente peu de risque chez un animal épileptique. Si votre chien est instable (nombreuses crises, hypertension intracrânienne…) il sera parfois nécessaire de stabiliser son état avant d’envisager l’anesthésie pour l’imagerie en coupe. Une ponction et analyse du liquide cérébrospinal devra être couplée (sauf exception) à l’imagerie en coupe pour exclure les causes intracrâniennes.
Ces examens permettent d’exclure ou de confirmer la présence d’une lésion dans le cerveau, qui serait la cause de l’épilepsie de votre chien, et il faudra bien sur traiter cette cause s’il y en a une (et pas simplement traiter l’épilepsie).
Quand réaliser un scanner ou une IRM chez votre chien épileptique ?
Dans un monde idéal, l’imagerie en coupe (préférentiellement l’IRM) devrait être réalisée sur tout chien épileptique (après exclusion des causes sanguines) de façon à être certain de l’origine de cette épilepsie et ainsi pouvoir donner le bon traitement. Si ces examens ne sont pas possibles (raisons financières, disponibilité…), il sera important de savoir à quel point la piste d’une lésion dans le cerveau est probable. En effet, si votre chien à entre 6 mois et 6 ans, qu’il est d’une race prédisposée à l’épilepsie idiopathique (Border Collie, Bergers Australiens, Labrador, Cane Corso…) et qu’il est complètement normal entre ses crises (pas de changement de comportement, examen neurologique par un vétérinaire sans anomalie), le plus probable est que ce soit une épilepsie idiopathique. Dans ce cas, l’imagerie peut-être différée, mais tout en étant conscient qu’une lésion cérébrale reste possible.