Recueil d’informations auprès du propriétaire
Cette première étape permet au vétérinaire de vérifier que les signes cliniques observés par le propriétaire sont réellement des crises d’épilepsie, c’est-à-dire qu’ils sont l’expression d’un dérèglement temporaire de l’activité électrique du cerveau. En effet, bien que les manifestations épileptiformes aient une expression relativement stéréotypée (cf. Quelles sont les manifestations de l’épilepsie chez le chien ?) d’autres affections, nerveuses ou non, peuvent provoquer des signes cliniques isolés ou récidivants, susceptibles d’être confondus avec des manifestations épileptiformes. Si les crises généralisées sont aisément objectivées par les propriétaires, il est à noter qu’à contrario, les crises épileptiformes partielles ne sont souvent pas reconnues par ces derniers comme des crises convulsives.
Le vétérinaire va donc recueillir de nombreuses informations auprès du propriétaire. Compte tenu de la brièveté et du caractère imprévisible de la plupart des manifestations épileptiformes, la consultation a lieu le plus souvent en dehors d’une période de crise et ce dialogue avec le propriétaire est donc primordial. Si le propriétaire a pu filmer la crise, cela sera également d’une grande aide pour caractériser les crises.
Le vétérinaire s’intéressera à la description de l’animal (race, âge), à sa provenance, son mode de vie, aux vaccinations qui ont été réalisées, à la possibilité d’exposition à des produits toxiques ou à des médicaments,… Il posera généralement au propriétaire des questions lui permettant d’avoir une description précise des crises et de l’historique médical de l’animal : ancienneté des signes, âge d’apparition, contexte d’apparition (par exemple lors d’un feu d’artifice, après un traumatisme, présence d’autres anomalies dans les semaines précédant les crises, présence d’autres animaux atteints ayant été en contact avec le patient ou appartenant à la même lignée (cf. Quels sont les chiens concernés ?), crise unique ou crises multiples, déroulement de la crise (existence de plusieurs phases distinctes, changement de comportement avant la crise, pertes ou non de conscience, signes généraux ou localisés, bilatéraux ou non, durée, intensité…), présence d’autres signes cliniques ou nerveux entre les crises, traitements déjà réalisés et efficacité,…
Cette discussion avec le propriétaire permet de confirmer ou d’infirmer que le chien souffre bel et bien d’épilepsie et peut même orienter sur le type d’épilepsie dont il souffre (cf. D’où vient l’épilepsie du chien ?).
Ainsi, une épilepsie idiopathique peut être fortement suspectée si les signes décrits sont bien ceux de manifestations épileptiformes chez un chien d’une race prédisposée, appartenant à la tranche d’âge d’apparition habituelle des premières crises (1 à 5 ans) et qu’aucune anomalie n’est constatée en dehors des périodes de crise.
Au contraire, la présence d’autres signes (nerveux ou non) rapportés entre les crises n’est pas en faveur d’une épilepsie idiopathique et la description de ces signes, auxquels peuvent s’ajouter d’autres renseignements, peut parfois orienter vers une cause sous-jacente : par exemple, des manifestations épileptiformes accompagnées d’autres troubles nerveux (pertes d’équilibre,…) apparaissant progressivement chez un boxer âgé sont évocateurs d’une tumeur cérébrale.
Examen clinique général et neurologique
L’étape suivante consiste en un examen clinique et neurologique complet en dehors d’une période de crise. Le praticien pourra estimer nécessaire de répéter l’examen neurologique à plusieurs jours d’intervalle.
Ces examens ont plusieurs buts. Si la nature épileptiforme des manifestations motivant la consultation reste douteuse, ces examens peuvent révéler la présence d’un trouble ne provoquant pas d’anomalies de l’activité électrique cérébrale, mais accompagné de signes ressemblant aux crises épileptiformes : troubles d’origine cardiaque (syncopes, arythmies), neuromusculaires (faiblesse généralisée, crampes,…), narcolepsie, manifestations douloureuses (douleurs cervicales intermittentes, coliques abdominales,…), certains troubles du comportement,… Ils permettent alors de confirmer que les crises ne sont pas dues à l’épilepsie.
Si la nature épileptiforme a été confirmée à l’étape précédente, ces examens ont pour but de rechercher des signes cliniques ou des signes nerveux persistant entre les crises, susceptibles d’orienter le diagnostic vers une épilepsie structurelle ou une encéphalopathie réactive. Ainsi, la présence de signes nerveux est souvent évocatrice de manifestations épileptiformes secondaires à une cause intracrânienne (tumeur, trouble vasculaire cérébral, inflammation cérébrale,…), des signes digestifs peuvent suggérer une insuffisance hépatique et une encéphalose (cause métabolique de crises épileptiformes),…
En revanche, l’hypothèse d’une épilepsie idiopathique ne sera envisagée que si les examens généraux et cliniques ne révèlent aucune anomalie (à moins que le patient ne soit atteint d’une affection concomitante).