Des manifestations épileptiformes de type convulsif, sont rencontrées chez diverses espèces de mammifères NAC : lapin, gerbille, chinchilla, furet,… Si ces crises se répètent, l’animal peut être considéré comme étant épileptique.
L’épilepsie primaire (ou essentielle) est très rare chez les NAC. Les manifestations épileptiformes sont donc presque toujours secondaires à une affection ou un trouble primaire et sont généralement un signe clinique parmi d’autres. Souvent, les autres symptômes sont permanents et sont donc observables en dehors des périodes de crise épileptiforme.
>> Démarche diagnostique
>> Prise en charge thérapeutique de l’épilepsie chez les NAC
Origines de l’épilepsie chez les NAC
Comme chez le chien ou le chat, les causes d’épilepsie secondaire chez les NAC sont des affections chroniques intracrâniennes ou extracrâniennes (métaboliques ou toxiques).
Chez le lapin, les crises convulsives peuvent être une manifestation d’une méningite/encéphalite infectieuse due à un protozoaire parasite nommé Encephalitozoon cuniculi (cause intracrânienne), mais peuvent aussi être consécutives à des troubles extracrâniens, tels qu’une affection hépatique (hépatite ou lipidose correspondant à une accumulation anormale de lipides dans le foie).
Chez les gerbilles, des crises épileptiformes sont fréquemment observées chez les jeunes de 2 à 6 mois, et disparaissent généralement ensuite. De nombreuses lignées sont prédisposées à cette épilepsie, ce qui suggère qu’elle a une origine héréditaire. Il semble qu’un déficit enzymatique dû à une anomalie génétique entraîne une modification de l’excitabilité neuronale.
Chez le chinchilla une prédisposition aux crises épileptiformes est également constatée chez certaines lignées (contrairement à l’épilepsie “héréditaire” de la gerbille, il n’y a pas d’anomalie décrite pour expliquer l’origine des crises : ce serait une épilepsie primaire ?). Chez cette espèce, des convulsions peuvent également être provoquées par une carence en vitamine B1, liée à une alimentation de mauvaise qualité, des intoxications par le plomb, le zinc, … (utilisation de grillages métalliques inadaptés).
Chez le furet, la principale cause de manifestations épileptiformes est probablement l’hypoglycémie ; les animaux de plus de 3 ans souffrent en effet relativement fréquemment d’insulinomes, tumeurs pancréatiques qui sécrètent de l’insuline et sont donc à l’origine d’hypoglycémies répétées. D’autres troubles métaboliques (hypocalcémie, insuffisance hépatique et encéphalose hépatique,…), sont également susceptibles de se manifester par des crises convulsives. Des atteintes nerveuses (toxoplasmose, maladie aléoutienne, méningo-encéphalites dysimmunitaires,…) peuvent aussi être responsables de manifestations épileptiformes répétées.
Démarche diagnostique
Face à un NAC présentant des manifestations épileptiformes récidivantes, la démarche diagnostique a principalement pour objectif d’en déterminer la cause. Les informations fournies par le propriétaire (origine et âge de l’animal, conditions de vie et d’hébergement, alimentation, caractère contagieux ou non, atteinte éventuelle d’autres animaux de la lignée, autres anomalies constatées pendant ou en dehors des crises, circonstances d’apparition des crises,…) et le tableau clinique permettent souvent au vétérinaire d’établir un diagnostic ou d’émettre des hypothèses.
Par exemple, l’encéphalitozoonose du lapin peut s’exprimer par des signes nerveux (paralysie, tremblements, convulsions,…), mais aussi par des signes oculaires, et/ou une insuffisance rénale, évocateurs de cette infestation parasitaire.
Chez les furets, l’âge de l’animal (supérieur à 3 ans) et l’apparition préférentielle de crises après une période d’activité et/ou de jeûne, peuvent conduire à suspecter un insulinome. Des examens complémentaires peuvent être utiles pour établir le diagnostic de certitude ; ils dépendent des hypothèses émises et de l’espèce concernée, la taille de l’animal limitant en effet les
possibilités techniques pour certains examens complémentaires. Il peut s’agir d’examens sanguins (recherche d’une hypoglycémie, d’une hypocalcémie, d’une affection hépatique,…), de la ponction et de l’analyse du liquide céphalorachidien (suspicion de méningo-encéphalite chez le lapin ou chez le furet), d’examens d’imagerie (par exemple échographie abdominale lors de suspicion d’insulinome chez un furet, d’affection hépatique chez un furet ou un lapin,…).
Prise en charge thérapeutique de l’épilepsie chez les NAC
La prise en charge thérapeutique de l’épilepsie chez les NAC peut consister d’une part en un traitement d’urgence de crises convulsives se prolongeant ou des crises se succédant sans que
l’animal récupère, et d’autre part en un traitement de fond ayant pour objectif de prévenir ces crises. Si un animal est présenté en urgence dans un établissement vétérinaire lors de crises, le praticien mettra en place un traitement symptomatique approprié à l’espèce et si possible à la cause de la crise, lorsque celle-ci est connue. Il sera le plus souvent amené à administrer des anticonvulsivants ou des antiépileptiques et parfois à tranquilliser ou anesthésier l’animal pour que les convulsions cessent. Des traitements supplémentaires peuvent être nécessaires : par exemple L’animal peut parfois nécessiter d’être réhydraté, d’être réchauffé (hypothermie) ou au contraire d’être rafraîchi (hyperthermie), … Pour certaines causes extracrâniennes d’épilepsie, l’anomalie métabolique peut être corrigée (temporairement) par un traitement d’urgence : c’est en particulier le cas lors d’hypoglycémie chez le furet, pour lequel l’administration par voie intraveineuse d’une solution de glucide permet d’interrompre la crise. Pour le propriétaire, l’administration de sucre (miel, sirop d’érable) par voie orale peut d’ailleurs être une méthode efficace employée à son domicile pour stopper une crise débutante, si l’état du furet lui permet d’avaler sans risque.
L’épilepsie essentielle étant très rare chez les NAC, son traitement de fond consiste à traiter si possible la cause primaire des convulsions. Ainsi, l’encéphalitozoonose chez le lapin est notamment traitée par l’administration d’un antiparasitaire, mais les résultats sont inconstants.
Chez le chinchilla, une supplémentation en vitamine B1 et/ou une alimentation équilibrée permettent de corriger une hypovitaminose B1.
Selon l’âge et l’état du patient, et la motivation du propriétaire, un traitement chirurgical de l’insulinome chez le furet complété par un traitement médical peut être envisagé. Un traitement médical par des produits hyperglycémiants, associé à des mesures d’hygiène alimentaires limitant le risque d’hypoglycémie (repas fréquents et très digestes) est une alternative possible.
Chez les gerbilles, l’anomalie enzymatique à l’origine des crises épileptiformes ne peut être traitées, mais il a été constaté que la manipulation précoce des jeunes gerbilles aux nid avait un effet bénéfique et limitait l’apparition de ces crises.