L’alimentation d’un animal est importante pour sa santé, elle l’est d’autant plus lorsque l’animal présente une maladie comme l’épilepsie.
Bien sûr, il n’existe pas d’aliment « miracle » qui permette de traiter l’épilepsie ; la prise quotidienne de médicament reste nécessaire pour contrôler les crises et il faut bien suivre à la lettre les recommandations de votre vétérinaire.
Le régime cétogénique chez l’animal épileptique
On entend parler chez l’homme du régime ou diète cétogénique dans la prise en charge des crises d’épilepsie. Chez l’animal, son efficacité n’a jamais été prouvée et aucune étude n’a permis de mettre en évidence un lien entre un ingrédient (qui pourrait être retiré ou ajouté) et une diminution ou une disparition des crises.
A noter : le régime cétogénique consiste à diminuer drastiquement l’apport de protéines et de glucides pour apporter l’énergie principalement sous la forme de lipides et créer un état de cétose (c’est-à-dire production de corps cétoniques par le foie qui seront utilisés comme source d’énergie, à la place du glucose, par les principaux organes). Ce régime est parfois conseillé chez les enfants réfractaires à tout autre traitement de l’épilepsie ou chez qui les effets secondaires des médicaments sont trop importants. Un suivi médical strict est nécessaire.
Les risques d’un régime cétogénique chez l’animal sont nombreux : carences alimentaires, déséquilibre nutritionnel, pancréatites, troubles intestinaux, obésité… Sans parler du fait que le phénobarbital souvent utilisé pour traiter l’épilepsie induit déjà une augmentation du taux de triglycérides (une forme de graisses) dans le sang, associé à un régime apportant 80 à 90% de matières grasses, cela peut avoir de graves conséquences.
Changement de l’alimentation chez le chien ou le chat épileptique
L’alimentation joue un rôle dans l’efficacité des médicaments antiépileptiques : tout changement de régime peut avoir une influence sur le contrôle des crises par les molécules prescrites.
Des études ont montré que les taux de protéines, de matières grasses, d’hydrates de carbone et d’autres nutriments ont un effet sur la demi-vie de ces molécules dans l’organisme (le temps que la molécule reste présente dans le sang). Le pH des urines est également à prendre en considération : tout régime alcalinisant ou acidifiant les urines peut avoir des conséquences sur l’efficacité du traitement.
Par exemple, si un chien est traité avec du bromure de potassium, il faut veiller à ne pas lui donner une alimentation trop riche en chlore (contenu dans le sel entre autres). En effet, la biodisponibilité et donc l’efficacité du bromure est diminuée par une alimentation riche en chlore (l’élimination rénale du bromure est augmentée). Il est donc important que la composition en chlore de l’alimentation soit raisonnable et stable afin d’éviter des fluctuations de la concentration sérique du bromure.
Ainsi, on comprend bien que tout changement d’alimentation peut avoir un impact dans le contrôle des crises : une élimination plus rapide de la molécule peut entraîner la réapparition de crises, une demi-vie plus longue de la molécule dans l’organisme peut au contraire faire apparaître des effets de surdosage du médicament (animal léthargique par exemple ou troubles gastro-intestinaux). Cela ne veut bien entendu pas dire qu’il est interdit de faire tout changement alimentaire pour votre animal, mais il vaut mieux en discuter avec votre vétérinaire afin qu’il puisse surveiller les effets, éventuellement refaire un dosage du médicament et adapter le traitement au besoin.
Le poids du chien ou du chat épileptique : un élément important à surveiller
Il est également très important que l’animal épileptique ait un poids idéal et stable. En effet le surpoids ou le sous-poids peut entraîner une modification de l’efficacité du traitement.
La plupart des antiépileptiques entraîne souvent une augmentation de l’appétit de l’animal (en général au début du traitement). Vous devrez donc être vigilant à ne pas augmenter ses rations ni à succomber à la tentation de lui donner des à-côtés. Si votre animal a vraiment un appétit difficile à gérer, n’hésitez pas à demander conseil à votre vétérinaire. Il pourra vous indiquer des aliments hypocaloriques et riches en fibres à ajouter à la ration pour apporter plus de satiété à l’animal.
Les omégas 3 pour le chien épileptique et la taurine pour le chat épileptique ?
De récentes études mettent en évidence les nombreux bénéfices apportés par les acides gras omégas 3 notamment sur le cerveau et son développement. Chez des rats épileptiques, il a été démontré des effets protecteurs sur les tissus neurologiques, probablement grâce à leurs effets anti-inflammatoires. On peut suggérer (mais cela n’a pas été prouvé) que la prise d’omégas 3 pourrait avoir le même type d’effet bénéfique chez le chien et le chat .
Bon à savoir : les acides gras omégas-3 sont connus pour aider à diminuer le taux de triglycérides dans le sang.
La taurine pourrait également aider dans la prise en charge épileptique. Une étude chez le chat a montré une amélioration du contrôle des crises chez un nombre limité de chats épileptiques à qui l’on administrait de la taurine. Aucune étude n’a encore été faite chez le chien.
La taurine se trouve naturellement dans la viande et le poisson, les aliments pour chats (croquettes et pâtées de qualité premium) sont en général correctement équilibrés pour apporter la quantité de taurine recommandée. La taurine existe également sous forme de complément alimentaire. Il ne faut par contre pas complémenter son chat sans en discuter au préalable avec son vétérinaire.
En conclusion : un animal épileptique doit avoir une alimentation stable, de haute qualité. Il peut s’agir de croquettes si elles sont de bonne qualité ou bien d’une ration ménagère que vous lui cuisinez à condition de prendre le temps de faire évaluer cette ration par un vétérinaire pour l’équilibre nutritionnel.