Vigilance et surveillance du déclenchement de crises

déclenchement de crises - surveillance et vigilance

Avoir un chien épileptique demande au propriétaire une vigilance et une surveillance accrues pour limiter au maximum le déclenchement de crises et repérer une modification de réponse au traitement.

Limiter les facteurs de déclenchement de crises

Chez les animaux souffrant d’épilepsie idiopathique, l’origine du déclenchement de l’activité électrique anormale du cerveau est inconnue ou ne peut être identifiée. Même si une instabilité neuronale d’origine génétique a été mise en évidence chez certaines races de chiens (cf. Quels sont les chiens concernés ?), il est difficile d’expliquer l’apparition spontanée des manifestations épileptiformes. Dans un grand nombre de cas, les crises se déclenchent lorsque l’animal est endormi ou au repos. Toutefois, chez certains chiens, le lien entre des facteurs intrinsèques (fatigue, stress émotionnel, nervosité, chaleurs, …) et le déclenchement de crises est flagrant. Ces conditions favorisant la survenue des crises peuvent être consécutives à une activité physique intense ou prolongée, à un stress provoqué par des pétards ou un orage, à l’excitation associée à l’arrivée du propriétaire, … Chez d’autres, les crises apparaissent sans qu’une situation favorisante ne soit mise clairement en évidence, ce qui n’exclut pas qu’une stimulation ait initié la crise.

Par conséquent, il apparaît logique d’essayer de ne pas exposer le chien à des situations potentiellement épileptogènes. Il pourra, par exemple, être nécessaire de réduire ses activités physiques afin d’éviter une fatigue excessive et/ou d’interrompre, sans délai, cette activité s’il montre une modification du comportement pouvant être un signe précurseur d’une crise. Pour un autre, il pourra être souhaitable de le placer dans une pièce avec une bonne isolation phonique en cas d’orage. Des conseils pratiques du vétérinaire peuvent être utiles mais souvent les propriétaires prennent ces mesures de bon sens spontanément. Chez les femelles épileptiques, les crises sont plus fréquentes et plus intenses au moment des chaleurs. La stérilisation est donc conseillée (cf Reproduction et gestation du chien et épilepsie).

Si le chien souffre d’épilepsie structurelle ou d’encéphalopathie réactive, le propriétaire devra également adopter certaines mesures pour limiter le déclenchement de crises. Ces mesures dépendront directement de l’affection à l’origine de l’épilepsie structurelle ou de l’encéphalopathie réactionnelle. Contrairement à l’épilepsie idiopathique, l’origine de l’épilepsie est connue (cf. D’où vient l’épilepsie canine ?) ce qui permet de mieux cibler les mesures à appliquer. Dans certains cas, les mesures appliquées pour l’épilepsie idiopathique peuvent être adaptées, mais pour d’autres, elles peuvent être inutiles ou insuffisantes. C’est par exemple le cas pour certaines encéphalopathies réactives, pour lesquelles l’alimentation peut être un facteur favorisant la survenue des crises ; des mesures d’hygiène alimentaire font alors partie des préconisations du vétérinaire pour limiter le risque de crises. Ainsi, lors d’encéphalopathie réactive due à une encéphalose hépatique, un apport alimentaire important de protéines augmente le risque d’hyperammoniémie (augmentation du taux d’ammoniac dans le sang) à l’origine des crises ; un régime hypoprotéique est donc préconisé. Lorsque des hypoglycémies causées par un insulinome (tumeur pancréatique sécrétant de l’insuline) sont à l’origine de l’épilepsie, la ration alimentaire devra être riche en sucres lents et fractionnée en 3 à 4 repas par jour, afin d’éviter les variations trop importantes du taux de glucose dans le sang.

Surveillance des crises et de la réponse au traitement

La mission inévitable de la plupart des propriétaires d’animaux souffrant d’épilepsie idiopathique est l’administration du traitement antiépileptique. Celle-ci est généralement biquotidienne et doit être réalisée rigoureusement, un mauvais suivi du traitement étant une cause fréquente de son échec.

Néanmoins, même si le traitement est correctement administré, il arrive parfois, dans certains cas, que des crises réapparaissent au fil du temps (cf. Démarche thérapeutique). Il est donc important de bien tenir à jour un suivi régulier des troubles du chien grâce à un carnet de bord que le propriétaire peut se procurer auprès de son vétérinaire (dépliant « Mon Animal Epileptique »). Le module « Suivi des crises » permet également à tout propriétaire d’animal épileptique de compléter le profil de son chien et de noter de manière simple et rapide tous les éléments en rapport avec son épilepsie.

Plusieurs critères sont importants à noter. Tout d’abord, si le chien présente encore des crises, celles-ci doivent être décrites. Devront être indiqués :

L’idéal est de pouvoir filmer le chien avant, pendant et après la crise, à l’aide d’un smartphone ou d’un caméscope. Ces films constituent une aide précieuse pour le vétérinaire car ils lui permettent de caractériser au mieux les crises. Il peut être également rassurant pour le propriétaire de chronométrer la crise car bien souvent leur durée semble bien plus longue qu’elle ne l’est réellement. Toutes les différentes informations recueillies doivent être datées et classées pour faciliter le suivi du chien.

Si le chien souffre d’autres troubles en parallèle de son épilepsie, il faut également les noter. Il peut s’agir de troubles :

  • Métaboliques (vomissements, etc.)
  • Locomoteurs (démarche anormale, etc.)
  • Neurologiques (troubles de la vision, etc.)
  • Comportementaux (désorientation, etc.)
  • ou autres.

Pour chaque trouble observé, une description aussi précise que possible est nécessaire : expression, durée, date d’apparition, fréquence, etc.

Après avoir constitué et complété ce dossier, le propriétaire peut se rendre à son rendez-vous chez le vétérinaire avec tous les éléments importants à lui communiquer et ainsi ne pas omettre d’informations qui pourraient se révéler essentielles pour le diagnostic ou l’ajustement du traitement.

Le propriétaire d’un animal souffrant d’épilepsie structurelle ou d’encéphalopathie réactive est, lui aussi, amené à administrer un traitement régulier. Il peut s’agir d’un traitement antiépileptique ou d’un traitement symptomatique de l’affection causale, voire les deux. La tenue d’un carnet de bord est donc, là aussi, très utile.

Gestion des crises

Apprendre à gérer les crises d’épilepsie de son chien est une autre mission importante du propriétaire. Lors de crises, son objectif est double : il doit assurer la sécurité du chien et des personnes présentes et le mettre dans les meilleures conditions possibles pour que la crise prenne fin et ne récidive pas (cf. Que faire en cas de crise ?). Il doit également apprendre à repérer les situations d’urgence nécessitant que le chien soit pris en charge par son vétérinaire.

Les crises typiques d’épilepsie sont de courte durée, de l’ordre de quelques secondes à 2 ou 3 minutes. Elles peuvent, cependant, sembler plus longues pour le propriétaire qui y assiste.

Après la crise, la plupart des animaux passent par une période de récupération (phase post-ictale) qui peut durer de quelques minutes à quelques heures. Elle peut se caractériser par un état de prostration, de confusion, l’animal peut aussi sembler désorienté et anxieux et montrer de l’agressivité. Des troubles locomoteurs ou de l’équilibre sont parfois observés. Pendant cette phase, il est souhaitable que l’animal soit gardé au calme, jusqu’à ce qu’il retrouve un état normal. Cette mesure permet d’assurer sa sécurité (par exemple, un chien qui sort alors qu’il est dans un état confusionnel peut être victime d’un accident de la voie publique) et évite qu’il se retrouve dans un environnement susceptible de provoquer une nouvelle crise.

Une crise isolée, de courte durée, n’a pas de conséquence importante pour la santé de l’animal et ne justifie pas de visite systématique chez le vétérinaire si un diagnostic d’épilepsie idiopathique a déjà été établi. En revanche, s’il s’agit d’un animal qui n’avait jamais présenté de crises auparavant, il est souhaitable de consulter afin que le vétérinaire en recherche la cause.

Dans certains cas, les crises se prolongent pendant 5 à 10 minutes, voire plus, ou s’enchaînent à une telle fréquence que le chien n’a pas le temps de récupérer entre 2 crises et peut même ne pas reprendre conscience. Il est alors en état de mal épileptique et doit être amené d’urgence chez le vétérinaire pour une prise en charge rapide. En effet, l’état de mal épileptique, lorsqu’il n’est pas stoppé, est à l’origine de lésions nerveuses graves et irréversibles qui peuvent aller jusqu’au décès du chien.

Si l’animal est en état de mal épileptique, prévenir la clinique de son arrivée imminente permet une prise en charge rapide dès son arrivée. Si le chien est en période de crise lors du transport, il faut également prendre des mesures adaptées pour prévenir le risque de blessure (de l’animal, du conducteur) et qu’il n’occasionne pas un accident. Le chien doit être placé dans une position stable, éventuellement calé (couvertures, coussins). Il est toujours préférable qu’une personne soit présente et veille sur lui, afin que le conducteur ne soit pas distrait.

Pour les chiens suivis pour épilepsie idiopathique qui ont des antécédents de crises groupées, prolongées ou qui se succèdent sans que le sujet récupère, le vétérinaire peut proposer au propriétaire d’administrer lui même à domicile un anticonvulsivant lors de la crise. L’administration se fait souvent par voie intra-rectale, suivant les indications du vétérinaire (dose, délai entre 2 administrations éventuelles). Dans le cas d’une réponse insuffisante, l’amélioration obtenue peut permettre d’assurer de meilleures conditions de transport jusqu’à l’établissement vétérinaire et également réduire le risque de lésions cérébrales graves.

Les crises rencontrées lors d’épilepsie structurelle ou d’encéphalopathie réactive sont souvent moins typiques que lors d’épilepsie idiopathique. Elles peuvent par exemple varier en fonction de l’affection sous-jacente, de son stade d’évolution, … Les recommandations au cas par cas du vétérinaire sont donc primordiales pour la conduite à tenir par le propriétaire lorsque son animal fait une crise.

Si les 3 objectifs (assurer la sécurité de l’animal et des personnes, favoriser l’arrêt de la crise et éviter les récidives) et la plupart des actions décrites précédemment restent valables, certains gestes spécifiques supplémentaires peuvent être souhaitables ou, au contraire, certaines interventions peuvent être à proscrire. Par exemple, pour un chien souffrant de crises épileptiformes provoquées par des hypoglycémies, il sera bénéfique de lui faire ingérer des sucres rapides (sucre, miel, confiture), dès qu’il est capable de les absorber, afin de prévenir le déclenchement d’une nouvelle crise. Lors d’encéphalopathie réactive liée à une encéphalose hépatique, l’administration d’un anticonvulsivant au domicile qui est parfois indiquée lors d’épilepsie idiopathique est contre-indiquée et il est souhaitable d’amener, sans délai, l’animal dans un établissement vétérinaire pour un traitement d’urgence.

Vigilance en cas de changement de vétérinaire

Certains médicaments peuvent interférer avec le traitement antiépileptique et d’autres peuvent avoir des propriétés convulsivantes (notamment certains anesthésiques). Par conséquent, auprès d’un vétérinaire ne connaissant pas les antécédents épileptiques du chien, il conviendra de l’en informer et de lui préciser le ou les traitements en cours. Dans le cas d’une épilepsie structurelle ou d’une encéphalopathie réactive, il conviendra également de signaler l’affection à l’origine de l’épilepsie.

 

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